L'univers d'Elenwë
Jeu 28 Fév 2019 - 0:54
Yo !
Bon bah j'inaugure cette partie !
J'écris depuis de très très très longues années, du coup... J'aimerais vous faire partager quelques uns de mes écrits.
Par exemple, celui-ci, date d'il y a 4 ans, je l'avais normalement préparé pour un concours d'écriture, mais mon professeur l'a jugé un peu trop sombre :')
Bon bah j'inaugure cette partie !
J'écris depuis de très très très longues années, du coup... J'aimerais vous faire partager quelques uns de mes écrits.
Par exemple, celui-ci, date d'il y a 4 ans, je l'avais normalement préparé pour un concours d'écriture, mais mon professeur l'a jugé un peu trop sombre :')
- Spoiler:
- Les tirs fusaient autour de nous. Tous, nous avions peur. Peur de mourir, peur de vivre. Le sang coulait tout autour de nous, nos amis tombaient les uns après les autres, l’un touché à la tête, l’autre planté en plein cœur. Le bruit des canons nous faisait trembler, l’odeur de la saleté, des cadavres bien plus. Nous ne voyions plus que désolation et mort aux alentours. L’homme en face de nous ? Ce n’était plus qu’un bout de viande, de la chair à découper. Désormais, notre devise était « tuer ou être tué ». Nous n’avions pas le droit à l’erreur, quand notre chef de rang nous disait d’avancer, nous avancions, sans faire attention aux pertes, en tuant tout ce qui se trouvait à notre portée. Nous étions devenus des machines de guerres.
- A couvert !
Cet ordre, nous l’entendions plus d’une dizaine de fois par jour. Machinalement, tous, nous nous sommes repliés dans les tranchées, sans rien demander, dans un ordre presque inquiétant. Chacun savait quelle était sa place, à quel moment il devait intervenir.A ce moment, les obus explosaient. Les malheureux qui n’avaient pas été assez rapide étaient mutilés ou, au mieux, tués sur le coup. Oui, nous n’avions pas le droit à l’erreur. Nous devions tuer…
L’hiver tendait vers sa fin. L’air devenait plus doux, nous nous ressentions « revivre ». Nombre d’entre nous étaient tombé malade durant les temps froids. Surement du fait du manque d’hygiène et de médecine ici-bas. Nous ne dormions que quelques heures par nuit, pas assez pour faire de nous des hommes neufs, et trop pour nous permettre de rentrer chez nous. L’ambiance dans notre case n’était jamais au beau fixe, bien au contraire. Les tensions se faisaient sentir. Nous étions des animaux, nous vivions comme eux, nous nous battions pour un peu de viande comme eux. Seules les lettres de nos familles permettaient de nous rendre un peu d’humanité. Ces familles laissaient derrière nous, qui nous redonnait espoir tant elles étaient joyeuses. Pourtant, quelque chose nous manquait. La communication peut être, la vraie, celle qui n’est pas censurée, celle qui nous permet de nous confier à d’autres personnes que nos compagnons d’infortune, celle qui nous permet de parler.
Il était maintenant temps que nous allions nous reposer, si nous pouvons appeler cela du repos… Notre chef nous ordonna de rentrer dans nos cases, tandis que d’autres hommes prenaient notre place. Les cases étaient toutes identiques. Sales, humides, bruyantes. Nos lits n’en étaient même pas. Dormir devenait presque plus difficile pour nous que tuer. Cela faisait des années qu’aucun de nous ne se souvenait du calme et de la paix. Jamais cette guerre n’allait terminer. Jamais nous ne rentrerions chez nous, ou alors ce serait avec les pieds devants. Cette idée, nous nous y étions faites. N’importe où était mieux qu’ici. Mais nous y étions, nous devions nous battre pour notre patrie, pour nos femmes, nos enfants, nos frères et nos parents.
La nuit passa trop rapidement. On vint nous chercher en sonnant une sorte de cloche. Le déjeuner, composé uniquement de pain et d’eau douteuse, était prêt. Les vivres commençaient à manquer, et notre dernier ravitailleur avait été fusillé par ces chiens. L’eau même commençait à devenir inquiétante. Elle était de la couleur de la boue, à croire même qu’elle en était. Mais nous n’avions que cela, nous devions la boire. La toilette se faisait avec cette même eau, il ne fallait pas gâcher ce que nous avions du mal à détenir. Cette toilette ne pouvait d’ailleurs pas se définir comme telle. Un coup sur le visage et sur les bras, mais aucune place pour se dévêtir entièrement, aucun rasoir pour se nettoyer réellement le visage. Rien d’habituel, juste une sorte de gant, mais en étais-ce réellement un ?
Notre préparation au combat terminée, nous sortîmes rapidement de nos tanières, prîmes nos fusils et attachèrent les baïonnettes, pour pouvoir les empaler une fois que ces animaux seraient à notre portée. Nous nous séparâmes : chacun à son poste, sans réclamation. C’était un grand jour. Nous allions prendre la tranchée adverse, les chasser plus loin, gagner du terrain. Nous n’avions pas peur. Nous n’avions plus peur. Nous ne pensions plus qu’à courir vers eux, arme au poing, évitant les balles et les obus, pour les planter, les découper, leur faire payer. Tout cela été de leur faute. S’ils n’avaient pas été là, nous ne serions pas là non plus. S’ils n’avaient pas existé, nous serions avec nos proches, heureux. C’étaient à eux de mourir, pas à nous. C’étaient à eux de souffrir comme nous souffrions en ce jour. Notre mission officielle était de les éloigner afin de gagner du terrain, de les chasser du territoire. Notre but officieux était de les massacrer jusqu’au dernier. Il ne devait en rester aucun debout. Tous devaient tomber à nos pieds comme ils avaient fait tomber nos camarades, nos amis, nos frères.
Nous étions prêts. Prêts à les tuer, prêts à les massacrer. Notre chef nous rappela les ordres. Nous n’en entendions seulement que la moitié du fait du bruit et de la surdité apparente à cause des explosions à répétition. Puis, plus un bruit, seules les balles résonnaient au loin. Nous sentîmes le vent dans nos cheveux, ce vent froid annonceur de mauvais augure. Mais nous n’en avions que faire. N’importe où été mieux qu’ici. Ils nous demandaient de bouger ? Nous bougerions quoiqu’il arrive. Notre chef nous remercia. Il regarda au loin. De la fumée, de la fumée partout. Les obus avaient remuée la terre qui nous punissait en nous empêchant de voir plus loin que nos barrières. Mais qu’importe, nous devions y aller, franchir cette barrière grise. Celle-ci pourrait même se tourner à notre avantage, puisque l’ennemi ne nous verrait pas arriver. Nous pourrions donc les tuer sans remords, sans les entendre nous supplier.
- Chargez !
On nous ordonna de courir, de les tuer. Nous le fîmes sans hésitation. Chacun notre tour, nous sortîmes de la tranchée. Nous ne cessions de courir, il le fallait. Si nous avions le malheur de nous arrêter, nous nous faisions tués. Nos camarades tombaient les uns après les autres, nous sentions les balles fuser à quelques centimètres de nos corps affaiblis.
La tranchée adverse était là ! Nous pouvions distinguer nos ennemis, nous pouvions sentir notre envie de vengeance monter en nous. Nous rassemblâmes toutes nos forces pour courir le plus rapidement possible vers eux. Passant à travers barbelés et bois entassé.
Ils étaient si prêt, peut-être trop prêt… Je sentis quelque chose me toucher. Je n’eus pas de douleur, mais mes jambes refusèrent d’avancer. Je tombais. Il me fallait les tuer, leur faire payer. Je me relevai alors, douloureusement cette fois, mais au diable cette douleur, j’avançai, je voulais les massacrer. Une ombre se dressa alors devant moi, yeux de feu, uniforme sombre. Je crus apercevoir un sourire se dessiner sur son visage. Ils savaient. Ils savaient que nous allions attaquer. Ils s’étaient préparés. Cet homme, cet animal, ce monstre, me fit de nouveau tomber. Et le silence se fut. Un silence d’abord lourd, puis agréable. Cette guerre avait eu raison de moi. De toutes les manières. N’importe où était mieux qu’ici…
Bonne lecture !
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